CRISE&ECO

Au début de l’année 1933, l’Angleterre, l’Allemagne et les Etats-Unis doivent encore s’atteler à certains problèmes économiques et sociaux cruciaux. D’une part, ils doivent à tout prix  inverser la courbe du chômage qui ne cesse d’augmenter depuis quatre années consécutives, de l’autre, ils doivent impérativement trouver un moyen de relancer l’activité économique dans plusieurs domaines comme le bâtiment.

 

Pour résoudre ces problèmes, certains pays vont mettre en œuvre des politiques d’un genre nouveau : les politiques d’endettement. Elles sont basées sur un principe simple : l’Etat utilise l’arme de l’endettement pour relancer l’économie. On est ici dans une situation ou l’Etat applique le principe d’interventionnisme économique : «  les pouvoirs publics participent à l’activité économique du pays et imposent leurs règles chaque fois que cela leur paraît nécessaire pour protéger les intérêts des citoyens ou développer des secteurs d'activité qu'ils considèrent comme stratégiques ou prioritaires » (définition selon toupie.org). La manière dont sont mises en place de telles politiques diffère d’un pays à un autre.

 

En 1933, Adolf Hitler prend le pouvoir en Allemagne, il est face à un taux de chômage très élevé, qui oscille entre 25 et 30%. Sa priorité est de remettre sa population au travail, il engage donc à partir de 1933 la politique de grands travaux. L’économie du pays est alors dirigée par le Ministre de l’économie, Heinrich Brüning.  L’objectif d’une telle politique est de moderniser les infrastructures du pays. Sur le court terme, cela permet de remettre la population au travail et donc de réduire le taux de chômage ; sur le long terme, cela assurera au pays des infrastructures modernes et performantes qui permettront à la future Allemagne d’être innovante et performante dans les échanges européens. De nouvelles routes, des autoroutes ou encore des ponts sont construits. Des canaux ou des travaux de défrichement ou de reboisements sont aussi réalisés. Les allemands sont également sollicités par le gouvernement pour construire un grand nombre de logements. En effet, entre 1933 et 1935, ils ont construit 1.5 millions d’habitations. L’économie est planifiée et les entreprises se doivent de respecter les exigences de l’Etat.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La politique de grands travaux est complétée par le réarmement du pays. Hitler viole le traité de Versailles en dépassant les quotas autorisés. Les usines d’armements sont à nouveau sollicitées. A partir de 1933,  la production de chars Panzer est reprise. 1935, marque le début du plan Z. Il s’agit d’un plan, qui lui aussi cherche à moderniser la Kriegsmarine. La marine sera rééquipée pour lui donner une plus grande importance dans l’armée allemande. En effet, le plan s’organise autour de deux grands points : l’achèvement des travaux non terminés, comme les cuirassés Bismarck et Tirpitz ; ainsi que par la construction de nouveaux moyens d’anéantissements, avec des porte-avions (Graf Zeppelin) ou encore des cuirassés (la classe H). Le 7 mars 1936, Hitler remilitarise la Rhénanie. Le nouveau chancelier veut réaffirmer la puissance de l’armée allemande. Ainsi il lance le  Vierjahresplan, traduit littéralement celui correspond à un « plan sur quatre ans ». L’objectif du programme était de rendre l’Allemagne autonome et de permettre au pays d’être indépendant. En effet, en 1936, le pays importe un grand nombre de matières premières nécessaires à la production industrielle alors qu’Hitler voulait pratiquer une politique autarcique.  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En 1933, les Etats-Unis relancent leur économie grâce au New Deal, dans une politique de grands travaux. Relancer l’économie par la création d’emploi est devenu urgent pour le pays puisque qu’environ 25% de la population active est au chômage.

Le New deal s’appuie tout d’abord sur une restructuration du système bancaire et financier. Avec une série de nouvelles lois ou mesures, les banques seront mieux contrôlées et la Bourse mieux surveillée par de nouvelles autorités financières. Grâce à ces toutes premières mesures, le nouveau président Franklin Roosevelt rétablie une certaine confiance entre la population et les banques.

 

Suite à la première étape qui consistait à rétablir l’équilibre du système bancaire et du marché financier, le président Roosevelt mobilisa ses forces pour remettre les américains au travail. Des « agences » sont mises en place. Cela correspond à divers programmes de travaux décidés par les autorités américaines.

 

Le 31 mars 1933 est créée le Civilian Conservation Corps  (CCC) : Corps Civils de protection de l’environnement. Il consiste à donner du travail aux jeunes chômeurs. Ce programme a remis plus de deux millions de jeunes hommes entre 18 et 25 ans au travail. Il a aussi permis de créer 250 000 emplois avec un salaire mensuel de 30 dollars. Les anciens chômeurs occupaient diverses fonctions  avec des travaux de reboisement, de lutte contre les inondations et l’érosion. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un programme similaire au CCC a été mis en place durant l’hiver 1933/34, le Civil Works Administration. Il s’agit d’une agence fédérale commandée par le conseiller du président, Harry L.Hopkins. Celle-ci remis 4.5 millions de chômeurs au travail avec la création d’emplois dans le secteur des BTP : Bâtiments Travaux Publics. Un grand nombre de routes, d’écoles, d’hôpitaux sont construits.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le 18 mai 1933, la TVA : Tennessee Valley Authority, fut créée. Il s’agit d’une entreprise américaine ayant un rôle multiple, notamment garantir la sécurité du fleuve pour concilier les industries, la production de l’électricité, ainsi que la restauration d’une écologie saine dans la vallée de Teunesse situé dans l’état du Teunesse. Pour effectuer ces charges, l’entreprise avait besoin d’une grande main d’œuvre. Ceci a permis à de nombreux chômeurs de se remettre dans la vie active.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En juin 1933, deux lois liées politiquement (le National Industrial Recovery Act (NIRA) et le Public Works Administration (PWA)) ont été mises en place pour soutenir les prix et les salaires des entreprises, et ainsi encourager la construction de bâtiments publics dans le cadre des grands travaux. Le NIRA, loi du 16 juin 1933 est reconnu par de grands hommes d’affaires, notamment le patron de General Electric, Gerald Swope, qui a soutenu cette loi en légalisant les cartels, ainsi qu’en encourageant le gouvernement d’entreprendre un grand nombre de travaux publics. La marine de guerre des Etats-Unis « US Navy » fut, elle aussi, bénéficiaire de cette loi. Elle a permis la construction de deux porte-avions, d’une artillerie navale en masse… Le NIRA a remis de nombreuses personnes au travail grâce en partie à la remilitarisation partielle du territoire. De plus, le PWA a permis de relancer la loi de la demander et le l’offre, de stabiliser le pouvoir d’achat de millions d’américains. A travers tout le pays, différents types de travaux sont menés.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Work Progress Administration est une agence créée le 6 mai 1935. Il s’agit de construire et de rénover des bâtiments publics, des routes ou encore des ponts. Grâce à ce programme 110 000 écoles, gares ou bureaux de postes, ainsi que 100 000 ponts et 800 000 km de routes ont été rénovés, aménagés ou construites. Parmi l’ensemble des travaux réalisés sous la WPA, le Golden Gate Brigde de San Francisco est terminé en 1937. En plus de la construction de bâtiments publics, le programme impliqua une reconstitution d’œuvres artistiques, picturales et littéraires.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Grâce à ces politiques de grands travaux, l’indice de production de 1939 avait retrouvé le même niveau qu’en 1929, avant la crise. Une augmentation considérable qui a permis une relance de l’économie par une remise en marche de la population.

 

Quant au Royaume-Uni, les anglais n’optent pas pour une politique des grands travaux. En effet, le pays en 1921 a été très durement touché par une crise précédente. L’industrie anglaise est encore très faible en 1929.

 

Avant la crise de nombreux secteurs industriels, qui faisaient autrefois le renom de l’Angleterre, connaissent un très fort déclin. Le secteur du charbon ou du textile souffrent d’un manque de demandes de  l’international, les exportations ont déjà chuté de 30% entre 1920 et 1921. Les chantiers navals ont eux aussi des difficultés. La nouvelle concurrence européenne ou mondiale met à mal ce secteur d’activité. De plus, la mise en place de barrières douanières en 1931 ne fera qu’amplifier le manque de demande pour les usines anglaises.

Les secteurs industriels anciens sont donc en grande difficultés avant la crise. En revanche, entre 1914 et 1945, l’industrie anglaise va se tourner vers des secteurs d’activités d’un genre nouveau. Les activités économiques en évolution vont permettre au pays d’afficher des taux de croissance élevés pendant la crise. L’économie anglaise va connaitre une modernisation dans secteurs industriels dans la première révolution industrielle ou bien une reconversion des entreprises ainsi qu’une tertiairisation des secteurs d’activités.

Pendant les années 30, des secteurs comme l’agroalimentaires, l’électricité, l’aviation, l’automobile, la fabrication de moteurs ou encore la chimie vont fortement se développer.

 

Les nouvelles avancées scientifiques vont permettre la création de grandes entreprises comme Boots ou Burroughs Wellcome & Co dans le secteur pharmaceutique. En effet, en 1930 sont découverts les hormones ou les vitamines. Ce nouveau secteur d’activité va tout de même représenter une production de 19 millions de livres en 1935.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le développement de nouvelles entreprises automobiles et la croissance de la production vont offrir aux anglais un grand nombre d’emplois. Dans les années 30, le Royaume-Uni est le premier producteur européen de voitures car les taxes sur les voitures américaines étaient très élevées pendant la crise. ¾ de la production du pays est assurée par trois entreprises dominantes qui sont Morris Motors, Austin et Singer.

Le secteur immobilier est très sollicité dans les années 30. L’immobilier résidentiel est en très forte demande et les investissements pour la construction représentent dans les années 30, 3.4% du PNB contre 2.3% entre 1920 et 1930.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On assiste aussi, entre 1930 et 1940, à une arrivée massive d’employés administratifs. Appelés les « cols blanc », ils travaillent à la vente ou dans la gestion financière des entreprises. En 1938, ils représentent 19% des employés.

La grande distribution connait aussi un essor impressionnant pendant la crise et encourage la demande et la consommation. De grandes enseignes voient le jour comme British Home Store ou Marks&Spencer.

Enfin, les entreprises anglaises vont s’internationaliser. Des groupes comme Vickers, Cadburg ou GRV tentent de s’imposer hors des frontières anglaises. De nombreuses entreprises vont aussi s’associer dans les années 30. Ainsi les 100 plus grandes entreprises anglaises fournissent 23% de la production totale du pays. Malgré la formation de grandes entreprises, les petits commerçants restent majoritaires en Angleterre dans les années 30.

Le Royaume-Uni n’a finalement pas eu de plan précis pour remettre la population au travail. En revanche, grâce à une transformation de l’économie vers le secteur tertiaire et la modernisation, le taux de chômage a pu descendre petit à petit. Cette transformation progressive a permis de réduire le chômage sur le long terme contrairement aux politiques de grands travaux ou de réarmement engagées par L’Allemagne ou les Etats-Unis.

 

 

Les différentes politiques de grands travaux engagées par les belligérants aura permis une baisse considérable du taux de chômages. En effet, aux Etats-Unis, on constate une baisse de 3.1 millions de chômeurs entre 1933 et 1939. L’Allemagne ne connaît plus de chômeurs en 1939 grâce à sa politique de réarmement. Cependant, cette réduction du taux de chômage a entrainé une augmentation colossale des dépenses publiques. En Angleterre la réduction du taux de chômage est moins importante mais l’économie et les activités économiques sont durables et permettent plus qu’un simple relèvement économique.