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Après la mise en place de nombreuses réformes politiques innovantes, l’Angleterre, l’Allemagne et les Etats-Unis doivent désormais s’attaquer à la gestion de l'industrie et les entreprises. Depuis 1929, la production de ces trois pays a chuté de manière significative : il est donc nécessaire de trouver un moyen d’inverser la tendance. Pour répondre à ce problème, les gouvernements vont revoir dans un premier temps la gestion des entreprises. Avant le Krach Boursier de 1929, la majorité des entreprises américaines et européennes sont privées, et donc indépendantes de l’Etat. Mais après la crise économique, elles ne parviennent pas à relancer leur activité : une intervention de l’Etat semble donc la seule solution plausible. Ainsi, à partir de 1933, les gouvernements vont tenter de venir en aide aux entreprises à travers la mise en place de nombreuses lois et réglementations.

 

 

Les Anglais sont les premiers à comprendre qu’une intervention étatique est nécessaire pour aider les entreprises à relancer leur production. Mais la situation de l’industrie du pays est très compliquée car les infrastructures sont vieillissantes, ceux qui rend les entreprises de moins en moins compétitive. De plus, les années 1920 sont charnières pour l’économie anglaise car l’industrie est réellement divisée en deux : d’un côté, la vieille industrie (sidérurgie par exemple), qui sombrent petit à petit à cause de leur manque de performance ; de l’autre, la nouvelle industrie (chimie par exemple), qui se développent fortement mais qui ont un fort besoin de financement. L’Etat a donc à faire à un problème structurel et conjoncturel : il doit impérativement réagir pour relancer la machine industrielle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le gouvernement décide dans un premier temps de s’occuper des deux domaines les plus importants de son industrie : la sidérurgie et l’industrie charbonnière. En effet, depuis 1929, ces deux secteurs vitaux pour l’économie anglaise sont en déclin. Pour cela, l’Etat va obliger la fermeture des gisements non rentables, et qui représentent des charges trop importantes. Ainsi, il peut concentrer ses dépenses sur les zones plus abondantes pour moderniser les infrastructures et donc maximiser le profit. Sur le plan de la production, ces fermetures sont un succès : la production d’acier qui avait chuté à 5,2 millions de tonnes en 1931 remonte à 13 millions en 1937, soit le même niveau qu’en 1918. Cette mesure va donc permettre d’accroitre la productivité, mais les conséquences sociales seront désastreuses : le nombre de mineurs anglais va baisser de 500 000 entre 1920 et 1938. Plus tard, en 1934, l’Etat créé le British Iron and Steel Federation, qui lui permet de contrôler les prix, la production et les salaires.

 

Du côté des new industries, la situation est plus favorable, et l’intervention de l’Etat sera donc moins marquée. Toutefois, le Gouvernement Britannique va imposer de nombreuses normes sur la cartellisation des entreprises. Dans de nombreux domaines, l’Etat va inciter les sociétés à se réunir. C’est notamment le cas dans le secteur de l’automobile, ou la quantité de fabricants a diminué d’une manière drastique : au nombre de 92 en 1922, ils n’étaient plus que 20 en 1937, soit 72 de moins en à peine quinze ans.  On assiste également à la création de grands groupes réunissant plusieurs sociétés, comme le groupe Imperial Chimical Industries dans le secteur de la chimie. Enfin, l’Etat autorise les quasi-monopoles, à conditions qu’ils soient surveillés de très près. On peut notamment citer British Celanese dans le domaine du textile synthétique, ou encore EMI dans l’industrie du son.

 

 

Le gouvernement allemand comprend également très rapidement qu’il doit intervenir dans la gestion des entreprises. Pour aider leur industrie, les Nazis vont parier sur une nationalisation des entreprises : « les entreprises sont soustraites par voies d’autorité au régime capitaliste, déclarées propriétés de la nation, et dotées d’une structure et d’une organisation nouvelle » (définition selon Le Larousse). Le 15 Juillet 1933, ils adoptent la loi sur la cartellisation obligatoire : les entreprises allemandes sont contraintes de se regrouper pour former des cartels, dirigés par de grandes entreprises sous le contrôle nazi, comme IG Farbenindustrie pour la chimie, Vereinigte Stahlwerke pour l'acier, ou Siemens pour l'équipement électrique. Les Nazis prétendent que cette loi permettra aux entreprises d’avoir une plus grande demande, et donc de vendre plus : en réalité, elle inaugure une série de mesures qui amèneront le gouvernement à avoir un contrôle quasi-total sur la production.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le 27 Février 1934, la loi sur la préparation organique de l’économie allemande est adoptée à la majorité. Cette loi a pour objectif de réunir les entreprises allemandes en sept grands groupes en fonctions de leur domaine d’activité : industrie, commerce, banque, sécurité, énergie, transports, et assurance. Ensuite, elles sont regroupées dans une chambre économique en fonction de leur région. Et cette chambre est dirigée par un président nazi chargé de vérifier que les entreprises respectent bien les quotas fixés par l’Etat. Grâce à cette loi, les Nazis peuvent désormais contrôler l’ensemble du système de production, et donc utiliser l’industrie pour atteindre certains objectifs. On retrouve donc à travers cette série de mesure, le principe de dirigisme prôné par Hitler. En effet, la nationalisation et la restructuration des grandes entreprises allemandes a permis au régime nazi d’entamer dès 1933 une politique de réarmement.

 

 

Aux Etats-Unis, le président Franklin Roosevelt va également mettre en place de nombreuses mesures pour aider les entreprises, mais son approche de la question va être très différente de celle de l’Allemagne.  Alors que les Nazis souhaitent contrôler la production, le gouvernement américain veut instaurer une série de réglementations afin de relancer la demande auprès des entreprises. Pour cela, le National Industrial Recovery Act (loi pour le redressement industriel national) ou NIRA est adopté par le congrès en Juin 1933 ; ce programme sera complété par le NRA (National Recovery Administration) quelques mois plus tard.

 

Ces deux programmes, mis en place dans le cadre du New Deal, ont deux principaux objectifs: mettre fin à la concurrence destructrice, et augmenter le pouvoir d’achat des américains pour offrir aux entreprises une demande plus élevée. En effet, Roosevelt pense que le meilleur moyen de sauver l’industrie américaine est la relance par la demande. Et pour assurer une demande suffisante, les ménages doivent impérativement voir leur pouvoir d’achat augmenter. Ainsi, le NRA et le NIRA proposent des codes de bonne conduite, auxquels les sociétés ont le choix d’adhérer. Si elles y adhèrent, elles devront respecter de nombreuses normes imposant certaines conditions de travail, mais surtout un salaire minimum. Grâce à la mise en place d’un salaire minimum, Roosevelt peut espérer atteindre ces deux objectifs. En effet, si toutes les entreprises doivent payer de la même façon leurs employés, les coûts de production sont égaux d’une entreprise à l’autre : le problème de la concurrence déloyale est donc limité. De plus, ce salaire minimum permet aux ménages d’obtenir un certain revenu, et donc un certain pouvoir d’achat : ils pourront donc consommer plus, et par la même occasion augmenter la demande chez les sociétés américaines. Aussi, ces lois légalisent les cartels, à condition qu’ils soient surveillés de près par la Chambre du Commerce Américain, et qu’ils soient reconnus d’intérêt public.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans un premier temps, l’efficacité du NRA et du NIRA est limitée : les entreprises n’y trouvent pas de grands intérêts car elles sont contraintes de payer plus cher leur main-d’œuvre. Pour les inciter à adhérer au programme, le gouvernement décide d’adopter le « Blue Eagle ». Les entreprises qui acceptent les conditions de ces lois peuvent faire apparaitre sur leurs produits un aigle bleu : ce logo présentait un argument marketing de taille. Néanmoins, malgré tous les efforts de Roosevelt, la loi sera abolie en mai 1935 suite à l'arbitrage rendu par la Cour suprême des États-Unis lors de l'affaire Schechter Poultry Corp. v. United States.

 

Ramsay Mcdonald, primier ministre anglais de 1929 à 1935 qui fut à l'origine des décisions concernant la gestion des entreprises.

Entreprise IG Farbenindustri de Berlin 

Logo de la National Recovery Administration

Insigne "Blue Eagle" que l'on pouvait trouver sur certains produits grâce à la NRA

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